Le succès de ce projet repose sur un partenariat entre l’équipe de chercheurs universitaires et l’équipe du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO). Ce partenariat est solidement établi depuis plus de 15 ans et vraisemblablement reproductible auprès d’autres institutions publiques.
Basé sur un modèle de coopération et de coconstruction des connaissances, ce partenariat fait implicitement la promotion du pouvoir d’agir et de la reconnaissance du rôle et de l’expertise des acteurs des divers milieux (parents, intervenants, gestionnaires, décideurs, etc.). Il permet de développer des programmes d’intervention qui tiennent compte de la réalité et des besoins de tous. L’implication constante du milieu de pratique dans les activités de recherche favorise la mobilisation des connaissances, la formation ainsi que l’adoption et l’intégration des meilleures pratiques. Cette implication garantit également que la mobilisation des connaissances et les changements de pratiques se font dans le milieu directement, et qu’ils tiennent compte de ses contraintes organisationnelles. Dans ce partenariat, ce sont les partenaires qui identifient leurs besoins. Avec les chercheurs, ils coconstruisent des connaissances en lien avec ces besoins, pour ensuite mettre en place des soutiens réellement utiles, valides et fonctionnels. Ces soutiens tiennent compte du point de vue de tous les acteurs impliqués, dont les parents et les intervenants offrant directement l’intervention aux familles.
La réussite de ce projet de recherche repose donc sur la combinaison de plusieurs éléments clés, dont :
- la coconstruction du projet à partir des besoins vécus par les familles et les intervenants;
- l’engagement des hauts dirigeants de l’établissement dès le début de la démarche, qui a favorisé la mise en place du projet et l’obtention de financement;
- l’implication des différents intervenants à toutes les phases du projet;
- des rencontres fréquentes tout au long du processus afin de réajuster les différentes activités et décisions en fonction de la réalité du terrain;
- le respect mutuel des expertises de tous les membres;
- la présence d’un champion recherche sur les lieux physiques, à proximité des équipes cliniques, et dont le rôle était d’assurer la coordination des activités de recherche, d’entretenir un lien de collaboration fort entre les intervenants et les chercheurs et de répondre aux questions en tenant compte du contexte;
- la capacité d’adaptation de l’équipe de recherche à la réalité du terrain (réorganisation du réseau, mouvement de personnel, réaffectations, etc.);
- la collaboration et le soutien des membres de l’équipe ayant développé le programme Prevent-Teach-Reinforce for Young Children1, dont la Dre Janice Lee qui a notamment formé l’équipe de recherche à l’application du programme et a offert du soutien ponctuel aux superviseurs tout au long de la mise en place du programme;
- la collaboration avec les chercheurs à l’origine du Developmental Behavior Checklist – Under 42 pour la traduction et la validation psychométrique de l’outil.
Le comité de suivi
Un comité de suivi a été formé dès le début du projet de recherche. Ce comité incluait un représentant de chacun des partenaires et des personnes impliquées dans l’intervention chez les enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), un retard global de développement (RGD) ou une déficience intellectuelle (DI). Afin que chacun de ses membres puisse diffuser l’information dans son milieu, ce comité s’est réuni chaque année. Lors de ces rencontres, les membres du comité étaient informés du suivi du projet et ils recevaient un rapport des activités de la recherche dont ils avaient l’occasion de discuter. Le comité de suivi était aussi impliqué dans les décisions à prendre afin d’orienter la suite du projet.
La planification de la recherche
Le succès du présent projet s’appuie également sur sa planification rigoureuse. Cette planification comprend différentes phases :
- la définition des besoins du milieu;
- la sélection des outils permettant de répondre à ces besoins;
- l’essai de ces outils dans le cadre d’études pilotes permettant de les bonifier et de les rendre plus adaptés au milieu;
- des études de preuve de concept permettant de s’assurer des effets cliniquement et statistiquement significatifs sur les trois groupes de participants (enfants, parents et intervenants);
- des études de faisabilité via l’évaluation de la qualité de l’implantation et de la validité sociale des outils.
Cette planification rigoureuse favorise à la fois l’implantation universelle de ces outils et leur ajustement en fonction de la façon dont ils se déploient dans les milieux et les contextes de la « vraie vie ». La prochaine étape du projet consistera à effectuer une étude contrôlée randomisée en 2021-2022. Cette étude permettra d’illustrer les effets des outils et de pouvoir recommander leur déploiement encore plus solidement.
À la suite de ces étapes, l’équipe sera prête à soutenir d’autres milieux (par exemple, d’autres services spécialisés en DI, TSA et RGD) dans la mise en place d’outils (formation, suivi de l’implantation, évaluation des effets, etc.) à partir de ceux qui ont été créés dans le cadre du présent projet. Nous pensons que cette façon de faire fait partie des conditions gagnantes, car elle permet de nous assurer de la validité des outils proposés, de leur capacité à répondre à des besoins réels, de leur applicabilité, de leur qualité et de leur pérennité.
La formation et les étudiants
La formation des étudiants aux différents cycles universitaires et leur appropriation de la démarche scientifique sont primordiales au sein de l’équipe et dans le cadre de ce projet. En effet, plus d’une dizaine d’étudiants au doctorat en psychologie ont été formés et ont participé aux différentes étapes de la recherche, allant de la collecte de données à l’analyse des résultats et à la rédaction d’articles scientifiques. De plus, Zakaria Mestari, candidat au doctorat en psychologie, réalise présentement une thèse sur la gestion des problématiques comportementales et socioémotionnelles en petite enfance en intégrant des données issues du présent projet. Il s’intéresse plus particulièrement à la validité sociale du programme et à ses effets du point de vue des parents et des intervenants l’ayant appliqué. Pour en savoir plus sur le projet doctoral de Zakaria Mestari, nous vous invitons à visionner deux courtes vidéos réalisées dans le cadre du concours Ma thèse en 180 secondes et dans la section Cabine de recherche du site savoir.media.
VIDÉO DE L’Institut d’administration publique de Québec
Ce partenariat entre l’équipe de chercheurs et le CISSSMO a également permis à l’équipe de recherche d’être finaliste pour le prix Collaboration scientifique de l’Institut d’administration publique de Québec en 2019.
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=l0XTI9xuNkg
Références
- Dunlap, G., Wilson, K., Strain, P., & Lee, J. (2013). Prevent-teach-reinforce for young children. Baltimore, Maryland : Brookes Publishing.
- Gray et al., 2021