TROUBLE DU SPECTRE DE L’AUTISME ET STRESS PARENTAL

Abrégé de :

Patel, S., Rivard, M., Mello, C., & Morin, D. (2022). Parenting stress within mother-father dyads raising a young child with autism spectrum disorder. Research in Autism Spectrum Disorders99, 102051. https://doi.org/10.1016/j.rasd.2022.102051

Header-pourquoi

La littérature scientifique montre clairement que les parents d’enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) vivent plus de stress que les parents d’enfants typiques et d’enfants ayant d’autres troubles neurodéveloppementaux. Le stress parental est défini comme une réaction négative ressentie lorsque le parent perçoit qu’il n’a pas suffisamment de ressources et de capacités pour répondre aux besoins de son enfant. Des études montrent aussi des différences dans l’expérience du stress chez les pères et les mères. Ces études montrent, par exemple, que ce ne sont pas les mêmes caractéristiques de l’enfant qui augmentent le stress des mères et des pères. Certaines études montrent aussi que les pères sont plus à risque de vivre du stress que les mères lorsqu’ils ont un enfant présentant un TSA. Malgré ces quelques articles, il y a encore peu d’études qui comparent le stress des mères et des pères, les études passées s’étant surtout intéressées aux mères, l’apport du père étant un intérêt plus récent. Ainsi, il n’y a pas de consensus sur les différences entre le stress des mères et celui des pères. De plus, au-delà des caractéristiques de l’enfant, des facteurs systémiques peuvent aussi augmenter le stress des familles, notamment les temps d’attente, les difficultés à accéder à des services, les transitions entre les services, le début de l’école. Peu d’études se sont intéressées à ces facteurs. L’étude actuelle vise donc à :

  • Comparer le stress des mères et des pères à trois moments charnières de la trajectoire de services de leur enfant : au moment du diagnostic (T1), un an après avoir reçu des services d’intervention spécialisée (T2) et après l’entrée à l’école (T3).
  • Évaluer s’il y a une correspondance entre le stress des mères et des pères lorsque les caractéristiques de l’enfant sont prises en compte, et ce, à trois temps de mesure.
  • Vérifier si le stress des parents est associé à la sévérité des symptômes d’autisme, à trois temps de mesure.

Survol de la méthode

Participants. Un échantillon de 258 dyades pères-mères d’enfants âgés en moyenne de 3 ans et 11 mois ayant récemment reçu un diagnostic de TSA à un centre d’évaluation de troubles neurodéveloppementaux.

Instruments de mesure. L’Indice de stress parental, un questionnaire qui mesure trois composantes distinctes du stress (la détresse parentale, les interactions dysfonctionnelles et les comportements difficiles) ainsi que le Childhood Autism Rating Scale (CARS) qui évalue la sévérité des symptômes d’autisme.

Procédure. Les mères et pères ont été invités à participer au projet de recherche lors d’une rencontre postdiagnostique pour leur enfant. Les parents ont rencontré un assistant de recherche afin de remplir individuellement l’Indice de stress parental. Le questionnaire de sévérité des symptômes d’autisme a été rempli par un professionnel pour 82% des familles.

Analyses. Des tests-t ont été réalisés pour comparer le stress des mères et des pères. Des ANOVAs à mesure répétées ont été effectuées pour comparer le niveau de stress des parents sur les trois temps de mesure. Des corrélations partielles ont été utilisées pour évaluer le lien entre les trois sous-échelles de stress des pères et des mères en prenant en compte les caractéristiques de l’enfant. Finalement, une analyse de modèle de panneau à décalage croisé a été utilisée pour évaluer le lien entre le stress des familles et la sévérité des symptômes d’autisme.

Résultats

Les mères présentaient un niveau de stress significativement plus élevé que celui des pères à chacun des temps de mesure. Leur niveau de stress était par ailleurs cliniquement significatif pour chaque temps de mesure alors que celui des pères, même si élevé, n’atteignait pas le seuil clinique. Même si le stress était moins élevé au T2 et T3, la diminution n’était pas significative.


Pourcentage de mères et pères présentant un stress cliniquement significatif au T1, T2 et T3

  Diagnostic (T1) Après l’intervention

précoce (T2)

Entrée à l’école (T3)
Mères 60.0 % 50.5 %,  51.2 %
Pères 46.5 % 47.0 % 41.0 %

 Concernant le lien entre le stress des parents et la sévérité des symptômes des enfants, le stress des mères et des pères était significativement associé à la sévérité des symptômes d’autisme de l’enfant, de sorte que plus les symptômes étaient sévères, plus le stress était élevé. Toutefois, bien que la sévérité des symptômes diminuait significativement entre le temps 1 et le temps 3, le stress des mères et des pères ne diminuait pas significativement.

Les résultats montrent aussi un lien significatif entre le stress des mères et des pères. Par ailleurs, les composantes du stress avaient toutes un effet significatif sur le stress total des parents. La détresse parentale et les comportements difficiles avaient un effet important alors que les interactions dysfonctionnelles avaient un effet modéré.

 Discussion

Ces résultats démontrent que la période entourant le diagnostic et l’attente de services est stressante pour les parents, que ce stress est associé à la sévérité des symptômes d’autisme de l’enfant et qu’il y a une association entre le stress des mères et celui des pères. Dans ce contexte, il est nécessaire d’offrir du soutien psychologique aux parents, en plus de l’aide pour leur enfant. Les interventions visant à soutenir l’adaptation psychologique des parents devraient inclure :

  • Des services de soutien psychologique, autant aux mères qu’aux pères.
  • Des services de répit.
  • Des occasions d’échanger en groupe (communauté en ligne, groupe de soutien).

De plus, des interventions offertes à l’enfant par les parents ont montré des effets bénéfiques à la fois pour les enfants et le les parents.